Visiter: L'une des 2 églises St Nicolas

Eh bien malgré qu'elle fasse partie intégrante du paysage de la place de la vieille-ville, l'église St Nicolas (vieille-ville) n'est pas spécialement... enfin historiquement, y a vraiment pas de quoi marcher au plafond en sandales. Architecturalement, elle est splendide (enfin moi je trouve), mais rien (enfin presque rien) ne s'est vraiment passé-là. Et cependant je ne peux pas vous faire l'impasse dessus, puisqu'elle est à Prague visible comme le blaire au milieu du groin.
Donc aujourd'hui, l'église St Nicolas de la vieille-ville. Alors comme déjà moult fois précisé auparavant, il existe aussi une autre église St Nicolas du côté du petit-côté ("Malá Strana"), tout aussi fantastique, et pour cause, puisqu'elle fut commencée par le papa de notre architecte et terminée par l'architecte en personne (cf. plus loin), mais je vous en parlerai une autre fois, de celle du petit-côté.

Commençons par quelques légendes sur le St Nicolas. Tout d'abord celles liées à la mer, parce que St Nicolas est à la mer ce que l'eucalyptus est au suppositoire. L'on raconte qu'un jour de tempête en mer, une barque de pêcheurs fut projetée contre la falaise, qu'un trou se fit et que l'eau commença à remplir l'esquif. Alors apparut St Nicolas, qui chopa une carpe dans l'eau, boucha le trou avec et sauva les martins-pêcheurs de la noyade. Alors bien qu'on mange de la carpe dans les pays slaves aux environs de la St Nicolas jusqu'à la St Sylvestre, je n'ai encore jamais entendu personne prétendre avoir bouché quoi que ce soit avec, sinon les chiottes malencontreusement, lorsque le bestiau d'extirpa d'un coup de queue des mains maladroites de mon pote "Bohouš" tandis qu'il s'apprêtait à transporter l'animal de la baignoire vers la cuisine.
Le traditionnel repas de Noël tomba tête en avant dans la cuvette, disparut derrière le coude du siphon hydraulique où il resta bloqué empêchant l'évacuation des matières. J'vous raconte pas la suite, repas foutu, épouse colère, plombier introuvable entre les fêtes, utilisation temporaire des aisances du voisin, puis démontage du conduit, extraction de la bête morte... rien que du bonheur que "Bohouš" nous raconta un soir autour de bonnes bières alors qu'on mourrait de rire autour de la table. Bref... Rajoutons encore que la carpe est un poisson exclusivement d'eau douce, alors St Nicolas chopant une carpe en mer, hein, faut pas déconner non plus parce que même s'il est myrrhoblyte, l'est pas pour autant poissonnier. Une autre légende raconte sur le même principe, qu'alors que St Nicolas et ses potes essayaient de rejoindre illégalement Lampedusa (St Nicolas était Turc), une tempête en mer mit à mal la chaloupe de fortune qui commençait à sombrer. Alors St Nicolas se mit à prier, à prier fort, encore plus fort ("oh oui chéri, encore plus fort...") et dieu apparu. "Sortez du bateau, et marchez sur l'eau." Qu'il leur dit comme ça.
Puis devant leur légitime réticence, il rajouta "Allez quoi, n'ayez pas peur, j'ai déjà essayé ce truc avec mon fils, c'est éprouvé... enfin sur l'eau douce." Ainsi grâce aux prières de St Nicolas, l'équipage tout entier put immigrer illégalement sain et sauf en Europe. Bon, plus sérieusement, le prénom Nicolas vient du Grec "nikos", victoire, triomphe, et de "laus", glorification, apologie. Du coup tous les couillons un peu crédules (et y en avait plutôt gras au moyen-âge) voulaient acquérir des reliques de St Nicolas afin d'être comblés de triomphe et de gloire. C'est ainsi qu'un jour, le bon roi Charles IV se transforma en crapule... mais je vous ai déjà raconté cette légende dans une précédente publie. Et je ne vais pas non plus vous raconter l'histoire des pommes d'or, ni celle des cadeaux de Noël, car tout ça vous le trouverez facilement sur le Net.

Et maintenant chers gens, je vous livre les éléments historiques qui, comme vous allez le constater, ne sont pas toujours unanimes.
Tout d'abord imaginez la place de la vieille-ville, il y a quelques 1000 ans en arrière, sans toutes les terrasses à couillons dont les prix sont 3x supérieurs que 100 m plus loin (où ils ne sont que de 2,75x supérieurs). En l'an 1069, il y aurait eu là une église romane fréquentée par les commerçants germains. Je n'ai trouvé aucune confirmation d'une telle information, aussi considérez cette seconde moitié du XI ème siècle comme non certifiée, d'autant plus que la plupart de mes sources remontent la présence de notre édifice au début du XIII ème siècle. Quoi qu'il en soit, ce sont bien les commerçants germains déménagés du quartier de "Poříčí" qui s'installèrent céans, car comme tout le monde sait, en ces temps primitifs, les Slaves vivaient de la chasse au mammouth et de la cueillette des bananes tandis que les Germains, eux, construisaient déjà des églises et lisaient Kant, Hegel et Schopenhauer en version originale. Vers 1235, l'église alors déjà consacrée à St Nicolas accueillait les paroissiens, mais également le conseil municipal, et ce jusqu'en 1338, lorsqu'enfin l'on se décida à construire une mairie (les églises sont généralement très inconfortables, mal chauffées, sauf la notre, z'allez voir).
La première vraie mention écrite de St Nicolas remonte à 1273, lorsqu'une effroyable inondation de la Vltava foutut à terre le fameux pont de "Písek" (cf. une précédente publie) puis déferla dans Prague par le quartier juif jusqu'à "Na Františku" (cf. Josef Emler, in: Fontes rerum Bohemicarum, tom. II/1, Pragae 1874, pp. 282-303, "Anno domini 1273, XV Kal. Septembris inundatio aquarum facta est magna in flumine Wltaviae, ita ut capella lignea, quae sita erat ante pontem in Piesek totaliter cum fundamento defluxit, et alia ecclesia lapidea, quae erat sub ponte in insula, pars eius media collisa est, et omnia molendina, quae erant circa civitatem Pragensem, cum aqua confracta defluxerunt; homines plurimos suffocavit, aedificia plurima subvertit. In campis annona et foenum de pratis cum alluvione descenderunt; ortos olerum vitiavit, per civitatem Pragensem fluxit, extendens meatus suos usque ad ecclesiam sancti Aegidii et ecclesiam sancti Nicolai, fluens per totum vicum Judaeorum usque in ecclesiam sancti Francisci."

Dans le courant du XIII ème siècle, on retapa l’autre église de la place de la vieille-ville, Notre-Dame devant le "Týn" ("kostel Panny Marie před Týnem", i.e. "Kostel Matky Boží před Týnem", i.e. "Týnský chrám"), et St Nicolas perdit la fonction d’église paroissiale au profit de sa rivale. Au milieu du XIV ème siècle, l'on transforma l'édifice roman en style gothique à 3 vaisseaux, et l'on y ajouta 1 tour frontale selon une source, 2 tours latérales selon une autre. Les 2 textes mentionnent cependant que l'église gothique n'avait pas de choeur, ce qui somme toute est totalement égal puisque cet édifice n'existe plus, ni en photo. Ce que l'on sait par contre grâce aux textes, c'est que l'administration religieuse avait sous sa juridiction une école, un cimetière, et qu'à partir de 1344 il y avait un marché à la volaille sur le terrain du curé. Dans la seconde moitié du XIV ème siècle, prêchait en l'église St Nicolas le prédicateur loufoque "Jan Milíč z Kroměříže". Il fut une sorte de grotesque pré-hussite illuminé (d'aucun lui attribue une déficience mentale à partir de 1363, après sa rencontre avec un autre illuminé: "Konrád Waldhauser"), ascète invétéré, convertisseur de ribaudes en bonnes catholiques, et accusateur du bon roi Charles IV d'antéchrist (il fut mis au gnouf pour ça d'ailleurs).
Pour l'anecdote, il est enterré en Avignon où il se rendit en 1374 afin d'obtenir le support papal lorsque toutes ses excentricités finirent par lui mettre à dos la noblesse praguoise. Notre église St Nicolas accueillit ensuite le successeur pré-hussite de "Jan Milíč z Kroměříže", "Matěj z Janova", moins illuminé mais tout autant persuadé de la présence sur terre du "magnus Antichristus (fuit Lucifer cum suis complicibus)" (cf. son oeuvre fondamentale en 5 volumes "Regulae Veteris et Novi Testamenti"). C'est ainsi que l’église resta sous le giron de la réforme hussite pendant des années, jusqu'à la bataille de la montagne blanche, et globalement du côté anticonformiste même après (la bataille, cf. plus loin). Ensuite plus trop de trace ni d'info sur notre édifice, car Notre-Dame du "Týn" lui bouffait la vedette à la télé.

En 1635, dans le cadre de la recatholisation manu-militari de la Bohême à grand renfort de moines venus de pays ultra-cathos, Ferdinand III (fils de cette fripouille de Ferdinand II et roi de Bohême à partir de 1637) invita les bénédictins espagnols de Montserrat (l'abbé "Peňalosa" de Montserrat était le confesseur de la future reine Marie-Anne d'Espagne) au monastère d'Emmaüs, et l'on déménagea les bénédictins slaves qui vivaient là depuis lurette en St Nicolas vieille-ville.
La première chose dont les moines déménagés se rendirent compte, c'est qu'il y avait bien une église, mais il n'y avait pas le moindre monastère pour s'y loger (ni le câble, ni le Wifi du reste). Aussi ils commencèrent par acheter les parcelles et les maisons des alentours, et entre 1649 et 1670, ils construisirent l'édifice manquant près de notre église St Nicolas, laquelle d'ailleurs fut repeinte en style renaissance tardive (selon une source) ou bas-baroque (selon une autre). En 1686, et à force d'allumer des cierges de partout pour n'importe quoi, un terrible incendie ravagea sérieusement tout l'édifice. Du coup, et devant l'ampleur du devis des réparations estimées par le nouvel architecte (cf. plus loin), nos moines décidèrent de tout fout' à terre et de reconstruire du neuf par dessus les décombres. Commença alors une toute nouvelle histoire de l'église St Nicolas vieille-ville.

L'abbé "Anselm Vlach" avait une vision très concrète d'à quoi devait ressembler la nouvelle église St Nicolas afin de concurrencer Ste Marie devant le "Týn", aussi il mit la main à sa propre poche afin de financer les travaux. Il fit appel au plus talentueux des architectes de cette époque: "Kilián Ignác Dientzenhofer".
Pour l'anecdote, "Dientzenhofer" alors au service de l'abbé depuis 1727, devait également s'occuper de la restauration de la brasserie de "Popovice", également propriété de l'abbé selon les archives du monastère de St Nicolas, mais il n'en fut rien, car la brasserie tomba en ruine après 1744 (après l'invasion des Prussiens) et ne fut reconstruite qu'en 1874 (mais à un autre emplacement). Actuellement, vous pouvez déguster cette fameuse bière dans l'une de mes tavernes préférées, Au Boeuf Noir. Ainsi entre 1732 et 1737, ce talentueux génie dessina les plans, tandis que le constructeur "Johan Michal Fitz" (totalement inconnu!?) réalisa ce que vous pouvez encore admirer aujourd'hui, car l'apparence de l'église St Nicolas n'a pratiquement pas changé depuis 300 ans. Notez tout particulièrement la richesse de la décoration sur la façade Sud, par rapport aux autres côtés nettement plus pauvrement décorés (spécialement du côté de la place Franz Kafka).
En fait l'église était auparavant entourée d'édifices qui disparurent lors du grand assainissement du quartier juif (cf. "Desfourský dům", "Krennův dům"...). Je vous ai trouvé une photo de 1865 avant la démolition (notez la colonne mariale en bas à droite, mise à terre en 1918 par le peuple qui y voyait un symbole habsbourgeois), et une photo de 1929 après la démolition. Et je ne vous parle pas de la mairie de la vieille-ville brûlée par les nazis en 1945. St Nicolas s'inscrivait ainsi de façon tout à fait différente dans le schéma urbanistique de la grande place par ailleurs inachevée (depuis la mi-XIX ème siècle et encore aujourd'hui, de nombreux projets de restauration, reconstruction, réfection, aménagement... de la place ont été soumis mais sans la moindre concrétisation). Entre 1785 et 1787, les réformes de Josef II mirent un terme à l'activité spirituelle de l'église comme du monastère.
Une grande partie du mobilier intérieur fut alors vendue, et disparut à tout jamais. La municipalité récupéra (racheta?) l'édifice quelques années plus tard, et c'est sans doute grâce à ce fait qu'elle se trouve encore debout sur la place de la vieille-ville. Ceci-dit l'on ne peut pas dire qu'il fut fait grand cas du bâtiment: il servait de silo à grains, d'entrepôt de meubles, d'archive municipale, et en 1865 il fut transformé en salle de concert. Pour cette dernière fonction, l'on aménagea dans le sous-sol des poêles à bois afin que les mélomanes ne claquent pas des dents durant les représentations, et ces chauffages primitifs sont toujours visibles dans les caves sous St Nicolas (cf. mes photos). Vers 1870, le bâtiment fut loué à l'église orthodoxe russe alors qu'icelle promouvait l'idéal panslaviste sur les terres Austro-hongroises. En fait dans la période de renaissance nationale tchèque, bon nombre de réfractaires à l'empire habsbourgeois passait de l'église catho-romaine vers l'église orthodoxe afin d'hérisser François-Joseph. C'était interdit dans l'empire, la religion orthodoxe j'veux dire, au point que le doyen russe de l'église St Nicolas "Nikolaj Ryžkov" qui officiait alors à Prague fut condamné à mort pour trahison lors de la première guerre mondiale (et l'église fut fermée avant de redevenir catholique).
Bon, ce n'était pas seulement parce qu'il était orthodoxe, mais aussi parce qu'en bon panslaviste il désapprouvait de façon véhémente que des Slaves se battent entre eux (les Russes étaient du coté alliés, donc en guerre contre les Austro-hongrois, et donc contre les Tchèques, les Slovaques, les futurs Yougoslaves...). Finalement il fut échangé vivant en 1917 contre le métropolite autrichien de l'église uniate (église catholique de rite oriental conservant la paramentique, la liturgie, la langue et la musique mais ayant abandonné la théologie et l'ecclésiologie spécifiques, aujourd'hui on parle d'église grec-catholique), mais mourut 3 ans plus tard à l'âge de 51 ans des suites des mauvais traitements lors de sa captivité dans les geôles habsbourgeoises. Bref... En St Nicolas on organisait cependant et toujours de la musique, et l'on pouvait par exemple y apprécier les oeuvres de "Zdeněk Fibich" que bon nombre de gens ne connaissent même pas, alors qu'il fut l'un des plus talentueux compositeurs tchèques de la mi-XIX ème siècle, après les 2 monstres sacrés "Smetana" et "Dvořák" bien entendu. En 1898 et dans le cadre du grand assainissement praguois, l'on démolit le monastère St Nicolas pour y construire un immeuble néobaroque, et depuis il ne reste plus rien de la moindre trace de cet édifice.
Signalons pour l'anecdote, qu'en proximité de l'emplacement du monastère St Nicolas est né en 1883 l'un des plus célèbres Tchèques à travers le monde: Franz Kafka. Selon les sources, vous lirez qu'il est né dans l'abbaye, près de l'abbaye, dans la maison "U Radnice" (près de la mairie), dans la maison "U veže" (près de la tour)... Quoi qu'il en soit, l'emplacement s'appelle aujourd'hui "place Franz Kafka", et se trouve à l'Ouest de notre église. Dans les débuts de la grande guerre, l'église redevint romaine-catholique pour les besoins de la garnison militaire de Prague, et l'on en profita pour lui remettre un grand coup de neuf dans la déco intérieure. L'on en profita également pour lui réquisitionner sa cloche pour les besoins de la grande boucherie, et depuis cette date il ne reste plus que le battant d'un mètre et demi dans le clocher baroque. En Janvier 1920, "Karel Farský" (alors prêtre romain-catholique) y fonda l'église hussite tchécoslovaque qui (l'église hussite) continue depuis à prêcher là. Une grande rénovation intervint entre 1967 et 1977, et globalement c'est tout pour l'histoire de l'église St Nicolas vieille-ville. Aujourd'hui on y organise toujours des concerts à touristes (Händel, Mozart, Bach, Beethoven, parfois Dvořák, puis Händel, Mozart, Bach, Beethoven, et parfois Vivaldi, mais surtout Händel, Mozart, Bach, Beethoven, et quelquefois seulement Dvořák, voire Vivaldi) par contre l'on ne vous chauffe plus l'intérieur comme au XIX ème siècle.
Eh non, maintenant c'est nettement plus bio, car on peut joyeusement se geler les grelots quand il glace dru dehors afin d'épargner le réchauffement climatique de la planète (progrès certain).

Bien, et maintenant quelques éléments sur la déco du dedans. Tout d'abord notez le pas trop habituel agencement de l'espace intérieur sur un plan en forme de croix grecque (mais on a déjà vu ça ailleurs, cf. "Mariánská Týnice", "Rokycany"...). Notez que les branches de la croix sont reliées par des galeries voûtées au niveau du sol et par des balcons en hauteur.
Dans les 2 galeries voûtées (niches) Nord-Est et Sud-Est, on peut voir les statues grandeur nature de St Georges et de St Michel. Au milieu de l'édifice se dresse une énorme coupole décorée des statuettes de saints bénédictins attribuées à "Antonín Braun", neveu et continuateur de l'oeuvre du génie "Matyáš Bernard Braun". On devrait y voir St Benoît, St Bernard de Clairvaux, Ste Hélène, Ste Thérèse, Ste Margareth et d'autres que je ne me souviens plus, mais qu'on voit très mal par ailleurs compte tenu de la hauteur à laquelle ils les ont mis. L'ensemble est intimement éclairé par des effets de lumière colorée lorsque le soleil perce par le vitrail Sud (si comme moi vous avez la chance d'y être au bon moment). Les stucatures furent exécutées par "Bernard Spinetti", comme à "Broumov", quant aux splendides peintures dans le choeur et la coupole, elles sont l'oeuvre du peu connu mais talentueux bavarois "Kosmas Damián Assam", qui à l'instar de son non moins talentueux collègue autrichien "Jan Hiebel", peignait principalement "al fresco" des oeuvres liturgiques en trompe l'oeil.
Ainsi entre 1735 et 1736, "Kosmas Damián" peignit en l'église St Nicolas plusieurs fresques sur le thème de St Nicolas (ah bon?): l'apothéose de St Nicolas pilier de l'église chrétienne (et pas seulement de l'église St Nicolas), les peuples du monde entier se prosternent devant St Nicolas, la vierge Marie accueille St Nicolas au ciel, et le miracle de St Nicolas en vacance à la mer (cf. les légendes). Mais notre Bavarois ne peignit pas que du St Nicolas, il mit également un peu de St Benoît (dans le fond de la coupole tout en haut) puisque ses employeurs étaient bénédictins, et il mit également un peu de saintes écritures puisque c'est tout de même un peu le thème central non plus. Vous verrez donc Moïse achetant de la cheese-manne pour son peuple chez Mac Dieu, Joseph faisant du vélo avec Putiphar, et David jouant de l'accordéon anti-diable à Saül. Au-dessus des balcons vous remarquerez les 4 évangélistes et leurs zattributs (symboles). Ils sont représentés donnant à Jésus leurs CV afin d'être embauchés dans la même compagnie (de Jésus). Ces fresques ont été repeintes en 1914, restaurées en 1967-69, si bien qu'on n'est pas vraiment sûr si elles sont originelles, de facture "Kosmas Damián Assam".
Signalons aussi que la chaire n'est pas spécialement riche (cf. plus loin). Elle date de la première moitié du XVIII ème siècle (cf. la plaque d'immatriculation à l'arrière), comprend des reliefs des 4 évangélistes chichement dorés à 9 carats seulement, une grappe de raisin en place de St Christophe et un interrupteur en bakélite pour changer les vitesses. Quant à l'usuel petit toit chapotant la chaire, il est surmonté de 3 petites statuettes en bois représentant des saints le regard tourné vers le plafond qui fuit. Ils furent gracieusement offerts par la classe élémentaire de première année d'art plastique du "Collegium Marianum" tout proche, lors de la kermesse de St Gulier des Tonnants. Les bancs en bois datent également de la première moitié du XVIII ème siècle (vers 1730), et méritent un coup d'oeil averti: splendide travail de menuiserie. Personnellement j'eus l'occasion de les observer en détail alors que je jouais à chope-moi-voir avec le p'tit vieux faisant office de bouvier à couillons (cf. plus loin). Le retable datait également toujours de la première moitié du XVIII ème siècle (1737), cependant il n'est plus en St Nicolas mais en St Venceslas à "Velká Černoc", car il y fut déménagé lors de la sécularisation de l'église par Joseph II (la sécularisation, pas le déménagement, le Joseph II).
Furent également déménagés là de St Nicolas des statues de St Pierre, de St Paul, de St dieu et... et la chaire d'origine qui fut remplacée par la suite par notre chaire primaire sans plus. En St Nicolas on a aujourd'hui un retable de style orthodoxe de Jésus pantocrator, l'index et l'majeur de la main gauche levés, la main droite serrant sous l'coude le Guiness book of records. Sur l'autel, il devrait encore y avoir un portrait de St Nicolas de 1917 selon une source, et un portrait de la vierge Marie de 1914 selon une autre source (faut avouer qu'avec la mitre et la barbe, on a facilement tendance à les confondre). Ceci-dit les 2 textes s'accordent quand-même sur l'auteur, "Karel Špillar" (la fabuleuse mosaïque sur le fronton de la maison municipale) mais je ne puis vous en dire plus, parce que l'autel central était inaccessible de près, et parce que le p'tit vieux chasse-couillon-casse-couille me collait au train (cf. plus loin). Pis y a encore l'orgue, qui date du dernier tiers du XVIII ème siècle, enfin l'armoire, parce que le moteur est de 1949. La boîte à orgue date de la mi-XVIII ème siècle donc, et se trouvait originellement à "Bohosudov". Lorsque le curé de la paroisse se mit à jouer de l'hélicon, il vendit l'orgue aux bénédictins de St Nicolas qui sautèrent sur l'occasion se disant que ce serait 'achement pratique lorsqu'on commencerait à jouer du concert de Händel, Mozart, Bach, Beethoven, et parfois Dvořák pour les touristes.
Le meuble peint en noir se compose de 3 parties décorées de fleurs pendues, de coquillages, de dais, et de petits angelots tenant des trompettes (comme le curé de "Bohosudov", ils en eurent marre de jouer de l'orgue). Et pour terminer, n'oublions pas le fantastique lustre Frankenstein de 1400 Kg, dont la structure éclectique mélange curieusement la fragilité du cristal avec la rudesse du métal. Sans doute parce qu'il le trouvait monstrueux, le tsar Nicolas II l'offrit à l'église orthodoxe (à l'époque) de Prague. Il provient des verreries de "Harrachov" (vers 1880) et se compose d'une structure en acier brut riveté d'un diamètre de 4 mètres rappelant les constructions gustaveiffeliennes. Sur cette base massive sont posés pendus des petits tralalas en cristal taillé que ça serait d'la verroterie on n'y verrait rien. Et au milieu de ce bloc imposant, qui tient de la beauté comme une enclume en jarretelle, pendouille une croix en cristal taillé aussi.

Les statues (grandes et moyennes) sur la façade Sud sont également attribuées à "Antonín Braun". Vous pouvez reconnaître des saints patrons de la Bohême et des saints tout court (St Prokop, enfin, et St Nicolas, encore), des allégories de la clémence, de la foi, de la mour et de l'espérance (cf. les pourtours des 2 tours).
Attention, dans la niche du mur qu'on cave, côté "rue de Paris", se trouve un énorme St Nicolas, mais c'est un fake pseudo baroque du XX ème siècle destiné à tromper les touristes et les guides non officiels qui les accompagnent. Cette statue-là n'est clairement pas d'"Antonín Braun", mais de "Bedřich Šimonovský" (cf. la façade de la maison municipale, ou la "Fantova kavárna" de la gare centrale). L'origine? Lorsqu'en 1906 on se rendit compte de la nudité du mur alors caché par les édifices d'avant l'assainissement, l'on organisa un appel d'offre au St Nicolas. "Bedřich" remporta le premier prix devant "Ladislav Jan Kofránek" (trop cubiste, cf. la bibliothèque municipale place de la Marie "Mariánské náměstí") et "Ladislav Šaloun" (déjà gagnant 3 ans auparavant du concours "sculpte-moi Jan Hus dans l'bronze" sur cette même place de la vieille-ville).

Alors cette visite fut une fois de plus organisée par le PIS, grâce auquel l'on arrive à visiter des monuments souvent inaccessibles au public. D'aucuns vous diront que ça fait "rencontre du 3 ème âge", les visites du PIS.
Bon, oui, c'est un peu vrai pas complètement, mais après tout, hein, on est là pour la culture et pas pour la jeunesse, alors hein... Lorsqu'on est entré dans l'église avec la brave dame (du PIS), le p'tit vieux qui faisait le gardien nous fit rapidement passer derrière la ficelle rouge délimitant l'espace des happy-few (nous) de l'espace (très limité) pour la plèbe touristique. Nous, on avait payé pour la visite, et surtout on était Tchèque. "Dépêchez-vous" qu'il disait sans cesse, "sinon les zétrangers vont s'infiltrer avec votre groupe et ça sera ingérable" grommelait-il. A vue de nez, l'ancêtre tirait sur ses 75 piges, et ses premières paroles laissaient entrevoir que les 40 ans de con-munisme lui avait indélébilement étiqueté la cervelle de l'analogie étranger = danger. Il était courbé par l'âge, marchait les jambes arquées comme né sur un tonneau, et son blue-jean droit lui donnait des allures de cow-boy gardien de troupeau. Mais malgré son âge et son allure, il était agile le bougre. Et justement il usait de cette agilité pour nous (et surtout moi) rassembler en troupeau: "rejoignez les autres dans le groupe, hop, sinon les zétrangers vont s'infiltrer et je ne saurai pas les reconnaître". Ben oui mais non, d'abord parce que les étrangers ne pouvaient (théoriquement) pas franchir le fil rouge, ensuite parce que quand bien même, ils n'allaient pas se comporter plus mal que nous non?
Moi je voulais tout voir, tout photographier, et ne pas rester dans le troupeau immobile qui écoutait les élucubrations de la brave dame (par ailleurs erronées en ce qui concernait les divers courant religieux). Alors je sortis du groupe figé devant le choeur de l'église, et hop je filai dans l'une des pièces où se trouvait St Michel. J'avais à peine fait ma photo, que le p'tit vieux était derrière moi: "rejoignez le groupe, allez! Avec tous ces zétrangers dans l'église...". Je fis semblant de, et hop, dès qu'il se retourna pour surveiller sa peste derrière la ficelle, hop, je me rendis vers la chaire. Une photo, clic, et v'là t'y pas qu'il se redirigeait vers moi à nouveau. Alors je coupai habillement entre les bancs de l'église, là où le fâcheux ne pouvait me suivre compte tenu du diamètre de ses jambes arquées. Il commença à faire le tour des bancs, l'air irrité, alors je rejoignis le groupe, comme si de rien n'était. Il retourna dans le fond de l'église, tandis que j'en profitai pour m'échapper à nouveau. Lorsqu'il m'aperçut, il fronça le sourcil et dirigea son pas dans ma direction par l'allée centrale. Ah ouais? Attends voir mon cochon. Et hop, une rapide esquive entre les bancs qui représentaient réellement un obstacle manifeste pour cette glu obstinée. Il traversa l'allée, fit le tour des bancs, revint par l'autre côté mais avant qu'il n'arrive à portée de voix, hop, je m'embusquai dans les taillis... bancs à nouveau.
Il était furieux. L'église était pleine de touristes à surveiller derrière le fil rouge, et d'autres trublions du troupeau commençaient à s'éparpiller comme moi. Il comprit alors qu'il n'y suffirait pas, abandonna l'idée de nous rassembler, s'assit sur un banc en concentra toute son attention sur ces féroces étrangers qui viennent jusque dans nos églises, égorger nos fils et nos compagnes.

Pis lorsque la brave dame du PIS termina son prêche, elle nous fit passer dans le presbytère. Sonna alors l'heure de gloire du p'tit vieux. Il entra le dernier dans la pièce (et qui c'est qui surveille les étrangers?), la brave dame nous le présenta (mais je n'en sais pas plus, parce que je cherchais des mirettes qu'est-ce que c'est pourquoi donc qu'on était là) puis il prit la parole. Après une blague dont je ne me souviens plus de la teneur, il nous montra un relief de 50 x 70 cm sur le mur d'en face, et se mit à raconter quelque chose que je n'entendais pas, parce que trop loin de lui. Ah bon, c'est pour ça qu'on est là? Ouais, bof, c'est pas transcendant d'exceptionnalité. Au bout de 10 minutes, l'on commençait à quitter la pièce et je m'approchais du tableau. Quoi? "František Bílek"?
Cette croûte est une oeuvre du grand "František Bílek"? Ben di diou, fichtre de crénom de d'là, j'en connais des autrement plus belles des oeuvres de ce bougre-là. Pis je lus sur le relief l'inscription religieuse sans grand intérêt "Slyšme jak modlí se tvá vůle na kříži" (du coup je ne vous fais pas la traduc non plus = sans grand intérêt), pis je lus sur le relief la dédicace: "František Bílek" oeuvra ici au milieu des frères et des soeurs. Super! Alors je vous ai mis quand même une photo du "machin", comme ça vous pouvez vous faire une idée. Pis surtout ne l'admire pas qui veut, le machin, puisque ce n'est pas accessible au public en temps normal (et encore moins aux étrangers), donc s'il y a parmi vous des admirateurs du François, j'espère vous avoir fait plaisir (eh ouais, chuis comme ça moi, bon et généreux). Tandis qu'on se retrouvait à nouveau dans l'église, le p'tit vieux nous annonça, après s'être assuré qu'aucun étranger n'avait pénétré sur son territoire, qu'on allait visiter la cave, là où se trouvaient les fours à bois qui chauffaient l'église lors des concerts au XIX ème siècle.
Il rajouta qu'il prenait le risque sur lui, qu'il fallait qu'on fasse hyper gaffe afin de ne pas nous croûter dans les scaliers, que c'était interdit au public, non couvert par l'assurance, et que s'il arrivait quoi que ce soit à l'un d'entre-nous, il serait jeté à la rue sans préavis, sans regret et sans retraite, et qu'il ne lui resterait plus qu'à pourrir moisi dans la rue comme une charogne putride la gueule ouverte avec des fourmis dedans. J'te dis pas comme on a fait gaffe dis-donc. Une fois en bas, ben comme le tableau à "Bílek", sympa, mais bon, hein... Genre on voyait bien que c'était un four à bois, mais que c'était du "spécial à cul de mélomane", c'était vraiment pas si manifeste que ça. Et surtout on se posait tous la question du pourquoi que ça ne fonctionnait plus, parce que sans dec, il givrait grave les glaouis dans l'église, alors que ces couillons-là avaient tout le fourbi nécessaire dans la cave, qu'y avait juste qu'à y jeter une bûche dedans pour le faire marcher. Tu le crois ça, sans dec?

Ben voilà, on en a fait le tour. Alors je vous invite fort certainement à visiter ce joyau architectural, oeuvre majeure du génie dientzenhoferien. L'intérieur est souvent accessible lors des concerts, plus rarement pour une visite complète par soi-même (surtout si vous êtes étrangers).
Puis si jamais vous avez l'occasion de voir la place de la vieille-ville le soir, lorsque les édifices sont remarquablement éclairés enveloppant la ville d'encore plus de beauté, de magie et de mystère, alors n'oubliez pas d'aller dans le fond de la place, vers la rue de Paris, afin d'apprécier la splendide silhouette baroque de l'église St Nicolas by night. GPS: attends, j'vais quand même pas vous mettre les coordonnées non? Suivez les touristes, c'est plein centre.

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