Ailleurs: Le château de Křivoklát

Alors z'allez me dire "Quoi? Encore?" Ben ouais, que voulez-vous, encore un château. Je ne vais quand même pas vous parler du tambour de ma machine à laver, ou de mon angine printanière éclose sous l'effet d'une brise artificielle d'air conditionné propulsé par une soufflante connement bloquée en position mégarchimaximum par une effroyable confrérie d'hypersudateurs des aisselles, des mains, des pieds, du dargeot boutonneux et de toutes les parties de leur corps adipeux... enfin ça n'intéresse personne.
Tandis que les châteaux, les beaux châteaux avec de belles légendes de preux beaux princes charmants transformés en poisseux crapauds pustuleux à l'haleine prodigieusement fétide afin de repousser l'éventuel tendron téméraire susceptible de leur donner le baiser libérateur du vil et tenace sortilège méchamment jeté par une horrible sorcière carabossue du dos, au blair poilu en forme d'énorme patate de Fontenay fleurie de verrues génitales occasionnées par des ongles incarnés jamais entretenus concentrant une exquise macédoine de crasse centenaire composée de secrétions nasales assorties d'un compact cérumen auriculaire surinfecté... pommes... poires.... poison... et scoubidoubidou, wouah... scoubidoubidouuu, wouaaah...
Ben ça intéresse les gens, ça, ben tiens, curieux qu'ils sont. Et justement, ben j'en tiens un de château comme ça. "Křivoklát" qu'il s'appelle en Tchèque, et "Pürglitz" en Allemand. C'est pour faire simple, vous savez, la traduction des noms propres, mais j'y reviendrai plus loin. Bon, et le château alors? Ben on ne photographie pas dedans.
Et non. No pictures, no photos, donnez-nous votre pognon pour entrer, visiter, mais défense de photographier. Je vous hais tas d'imbéciles.

Les débuts

"Křivoklát" est l'un des plus anciens forts de Bohême. Il est juché au sommet d'un abrupt monticule rocheux, lui-même reposant sur un terrain accidenté, ceinturé d'une profonde forêt où vivaient bêtes sauvages, malandrins et fraises des bois. La toute première mention écrite du château remonte, selon l'historien chroniqueur "Kosmas", en l'an 1110, lorsque le prince "Vladislav Ier" y fit enfermer son cousin "Ota II Olomoucký", dit "Ota Černý"
(Ota le noir, c.f. plus loin) qui voulait prendre le pouvoir dans le pays à la mort de son frère "Svatopluk Olomoucký", assassiné en 1109. Pis une fois calmé par 3 ans de prison à "Křivoklát" (traduction US: Guantanamo :-) au pain sec, à l'eau et dans le noir (d'où son pseudo, Ota le noir), "Vladislav" libera le bougre (en 1113) sous la promesse qu'il se tiendrait à carreau (sinon retour au gnouf, et au noir). Ota se tint à carreau, au point que les 2 gaillards allèrent même boire des canons ensemble, pis Ota finit même par épouser (en 1114) la belle soeur de "Vladislav".
Ils firent ensemble les 400 coups sur les champs de bataille d'Europe Centrale, quelles rigolades chers lecteurs. En 1123 et en signe d'amitié, le prince régnant lui octroya le domaine de "Brno". Il le désigna même comme son successeur au trône, mais c'est son frère (de "Vladislav"), "Soběslav I", qui prendra finalement la succession. Bon, mais en ce temps le castel n'avait rien à voir avec ce que vous voyez aujourd'hui, donc je vous passe les détails afin de ne pas en arriver, comme avec ma dernière publie,
à la rotonde de St Venceslas toute bien détaillée alors qu'elle n'est plus.

Donc "Přemysl Otakar Ier" contribua à la construction de "Křivoklát", y séjourna en 1222, et y transféra l'administration des chasses de "Zbečno" en 1224.
Puis c'est "Václav Ier" qui s'amouracha du lieu pour ses profondes forêts, pour ses chasses et ses sauteries en tout genre. C'est dans le cadre d'une de ces chasses (au gibier, version officielle, à la donzelle, version fort probable) en le domaine de "Křivoklát" qu'il perdit un oeil, et prit le surnom de "Václav le borgne". Dès 1240, et pour cause de nombreuses fréquentations, le château s'en devint étroit, aussi il fallut rapidement songer à agrandir.
Mais le nouveau castel (Castellum novum) était particulièrement néfaste à la sante du roi. Après y avoir perdu un oeil, Václav le borgne y tomba gravement malade en septembre 1253. Il fut transporté en urgence à "Králův Dvůr" où il succomba sans le vouloir dans l'année. Anecdote: les guides de "Křivoklát" prétendent que c'est le plus froid des châteaux (dans le monde?). Pour la perte d'un oeil, ils ne savent pas, y a pas de statistiques, mais pour y tomber malade, y a pas mieux que ça.
Pis l'agrandissement continua en style gothique sous le patronage du fils "Přemysl Otakar II" (fils de "Václav Ier"). Parenthèse. Vous trouverez sous wikipedia.fr la mention "Saint Venceslas Ier de Bohême". C'est une effroyable couillonnerie, car il y a le saint patron de la Bohême "Svatý Václav" (St Venceslas, genre 907 et 935, dates approximatives) qu'on peut considérer comme "Václav 0",
et ensuite il y a le "Václav Ier" (1205 - 1253), dit le borgne, père de "Přemysl Otakar II". Mais ces 2 "Václav" sont totalement différents, 3 siècles et 1 oeil les séparent. Retour au "Přemysl Otakar II". Ce dernier fit avancer les choses à grand coup de pieds au derche, en instaurant le service du travail obligatoire (STO) pour tous ses pedzouilles comme ses vassaux. Bien sûr, les plus nobles n'allaient pas chercher le charbon à la mine
(ni à la cave), mais recevaient pour tâche, par exemple, la sécurité du château, ou l'organisation des festivités, l'envoie des cartons d'invitation, etc... En échange, le roi leur octroyait des réductions d'impôt, ou tout simplement ne les brûlaient pas pour sorcellerie puisqu'en ces temps, le roi avait droit de vie et de mort sur ses zouailles (et surtout de mort lorsqu'icelles étaient faignantes de la besogne, les zouailles fripouilles). En 1267 "Křivoklát" devint le siège du burgrave
(c'est vachement important comme statut) mais à la mort d'Otakar, en 1278, le château perdit en popularité (et ça c'est vachement moins important comme statut). Rudolf Ier Habsbourg (le belliqueux) transforma le château en place forte, en y installant de façon permanente une garnison de Souabes ("Schwaben" en Allemand, partie sud du land de Baden-Wurtemberg, en deçà de la Forêt-Noire), région dont il était lui même issu (Habsbourg vient du château de "Habsburg", aujourd'hui en Suisse dans le canton d'"Aargau" -Argovie en FR-).
En 1307, c'est le controversé "Vilém Zajíc z Valdeka" qui prendra manu militari le castel, et Jean de Luxembourg lui en laissera la jouissance moyennant rente annuelle (faut pas déconner non plus), et mise à disposition royale permanente d'une petite pièce, pour quand le Jean viendrait y chasser, genre. Et il y vint en 1315, puisque c'est à "Křivoklát" que le roi Jean fit établir un édit conférant à "Lubná u Rakovníka" droit de commerce moyennant impôt
(fait certifié par le cachet de la poste sur l'enveloppe recommandée). En 1316 éclata un incendie au château de Prague, et la reine "Eliška Přemyslovna" (maman du bon roi Charles IV) prit ses quartiers à "Křivoklát" en compagnie de ses 3 rejetons, en attendant que l'odeur de brûlé se dissipe dans Prague. A la mort du "Vilém" (alors là les dates sont multiples), le château redevint propriété royale, et c'est de ce château qu'en 1323,
le jeune "Václav" de Luxembourg quitta la Bohême pour la cour du roi de France, d'où il reviendra grassement cultivé 10 ans plus tard sous le pseudo de Charles IV, le bon roi Charles IV. Fin 1331, c'est "Oldřich Pluh z Rabštejna" qui prendra la conciergerie du château de "Křivoklát" à la demande du roi Jean. Et ce n'est pas anodin, car l'"Oldřich" parlant Allemand avec le Jean, désignera le château en termes de "Burgschloss", qui deviendra en Latin "Purglinum" et par déformation "Pürglitz" (à nouveau en Allemand).
Ca c'est l'explication pour ceux qui se demanderaient comment on est passé de "Křivoklát" en Tchèque à "Pürglitz" en Allemand. Pis signalons encore que la version latine est citée dans l'autobiographie du bon roi Charles IV, "Vita Karoli Quarti, capitulum VIII: Videns autem communitas de Boemia proborum virorum, quod eramus de antiqua stirpe regum Boemorum, diligentes nos dederunt nobis auxilium ad recuperanda castra et bona regalia. Tunc cum magnis sumptibus et laboribus recuperavimus castra Purglinum,
Tyrzow, Liuchtenburg, Lutycz, Grecz, Pyesek, Necztyni, Zbyroh, Tachow, Trutnow in Boemia; in Moravia vero Luccow, Telcz, Weverzi, Olomucense, Brunense et Znoymense castra, et quamplura alia bona obligata et alienata a regno."


Sous le bon roi Charles, on vivait pénard au château. Le roi y avait installé sa première épouse, Blanche de Valois, genre à la campagne, et elle y accoucha la naissance de la première descendance du bon roi
(malheureusement femelle) "Markéta" (en 1335). C'est également à "Křivoklát" que le bon roi Charles écrivit sa "Majestas Carolina" (sorte de constitution principalement orientée sur la juridiction) ainsi que bon nombre d'autres édits (et cris... écrits). Après le bon roi, c'est son fils et successeur "Václav IV" qui coulera des jours heureux au domaine. En 1380 il y recevra une délégation des Brits envoyée par le roi Richard II afin de demander la main de sa soeur Anne en mariage.
Et depuis, les habitants de l'île se rendent régulièrement en République Tchèque pour fêter des enterrements de vie de garçon, mais avec beaucoup moins de savoir-vivre et de protocole qu'en l'époque. Ensuite, vers 1390, le roi passera plus de temps en ses nouvelles demeures "Točník" et "Žebrák", et notre castel deviendra pour ainsi dire négligé.

Les suites

Ensuite ça commença plutôt mal. En 1422 il y eut un incendie qui ravagea tout ce qui était en bois, du sol au plafond. Pendant les guerres hussites, le château passa des mains des uns aux mains des autres, et vice versa, pour finalement être vendu au plus haut chambellan "Aleš Holický ze Šternberka" qui y décédera en 1455. Rien de notable sous le roi "Ladislav Pohrobek" sinon qu'il racheta le château, qui redevint donc royal.
Rien de notable non plus sous "Jiří z Poděbrad", sinon qu'il vint s'y planquer devant la peste de 1463. Pis arriva le Polac, "Vladislav II Jagellonský" et sa 3 ème épouse d'origine française, Anne de Foix et Candale (et pas 4 ème comme il bêtement écrit dans wikipedia.com). Cette dernière tomba follement amoureuse du castel, et soutira moult pécune à fins de réfection. "Tu verras mon Loulou, j'en ferai un nid d'amour."
Non, pas vrai, je plaisante, parce qu'en fait le "Vladislav" commença les travaux sur "Křivoklát" vers 1473, alors qu'Anne nageait encore douillettement dans le jus des roustons de son papa Gaston (de Candale). Elle naquit en 1480, épousa W en 1502, et décéda 4 ans plus tard (à 26 ans) en poussant à la vie son second marmot. Pas de bol la pauvrette, en cette époque, accoucher c'était une maladie, on ne s'en sortait pas toujours. Ah oui, et W? Ben le "Vladislav II Jagellonský" était Polonais d'origine, et dans cette langue "Vladislav" s'écrit "Władysław".
Aussi partout où vous verrez un W un peu stylisé, genre sous les fenêtres de "Křivoklát", mais aussi dans la salle du vieux palais royal à Prague, ou sous l'oratoire royal en la cathédrale St Guy, St Venceslas et St Adalbert, et bien partout où verrez ce W stylisé, dites-vous que c'est lié au "Władysław II Jagiełło", et pas du tout à cette courge transgénique made in USA de Deubeulyou, qui par le plus grand des hasards,
visite notre splendide capitale au moment même où j'écris ces lignes. Bon, et donc au W, on lui doit par exemple la réfection en style gothique tardif, la nouvelle maison du burgrave, les nouveaux cachots... tiens et à ce propos, vu qu'ils étaient neufs, fallait bien les essayer aussi, et du coup on y enferma en 1496 les 3 meneurs de la révolte des mineurs de "Kutná Hora", "Holý Želvův", "Ondřej Němcův", et "Vít Krchňavý", avant de séparer la tête du corps pour 2 d'entres-eux
(lisez "Alois Jirásek, Staré pověsti české, Kutnohorští havíři" pour plus de détails). Bref, c'est donc sous le W que le château fut le plus transformé, aménagé, et embelli.

Allez, on passe directement au XVIII ème siècle, parce qu'entre temps, rien de vraiment significatif ne s'est passé. Et donc en cette époque, le château appartenait à la famille "Fürstenberk" (vente successive, héritage, alliances...). Vers les années 1756, "Karel Egon Fürstenberk" aurait apporté quelques malheureuses améliorations dans la grande salle royale, ce qui n'aurait pas eu de réelles conséquences si... mais... enfin voilà. Le 18 août 1826 éclata un incendie, un grand, LE incendie qui ravagea la totalité du château. Faut dire qu'il y avait du bois de partout pour alimenter les dégâts, les meubles, les charpentes, les toitures en bardeaux... (bardeau = planchette de bois en forme de tuile qui sert dans certaines régions à la couverture des toitures) et donc tout fut détruit sauf... la grande salle royale malheureusement réaménagée et la chapelle. Ben flûte alors, tout bousillé qu'il était l'un des plus anciens forts de Bohême, tout bousillé sauf ce qui aurait pu l'être (encore que la chapelle...).
On y apporta bien quelques réparations, pour que le tout ne tombe pas complètement en ruine, mais rien de terrible, et ce jusqu'en mi XIX ème siècle. A partir de 1856, la famille "Fürstenberk" décida de restaurer, et restaurer dans l'état d'origine que le château il était avant, et surtout avant les initiatives du "Karel Egon ". On attaqua donc par la grande salle royale (et même si elle n'avait pas brûlé, il y avait grasse besogne dessus), puis les toitures, les édifices dedans la première cour, et chose extrêmement importante, on rebâtit la brasserie.
A la mort de "Karel Egon II", c'est "Maxmilián Egon Fürstenberk" qui continua le financement des travaux. Pis lorsqu'en 1876, un pan de mur de la salle royale de l'aile nord du bâtiment devant la chapelle de derrière le mur de l'enceinte du château de "Křivoklát" s'effondra dedans la seconde cour, l'on décida de faire appel à un autre architecte, un qui aurait du talent, un qui aurait de l'expérience des vieilles pierres, un qui aurait fait ses preuves, et l'on alla chercher carrément et sans honte le grand
"Josef Mocker" (co-constructeur de la cathédrale St Guy, St..., restaurateur des tours du pont Charles, de nombreuses parties du château de Prague, d'une bonne dizaine d'églises...). En 1906, c'est "Humbert Walcher, Ritter von Molthein" (architecte autrichien) qui prit la suite (pas très connu, mais il oeuvra sur les castels de "Jindřichův Hradec", "Častolovice"...), puis c'est la première guerre mondiale qui prit la suite, puis c'est "Kamil Gilbert" qui prit la suite, puis le château fut étatisé (1929), et voilà.
Bon, ben je vous ai dit le principal sur l'évolution du château de "Křivoklát". C'est en gros, mais c'est l'essentiel. Ah si, encore, la grande salle royale est la seconde plus grande salle en notre République après l'énorme salle Vladislav du vieux palais royal au château de Prague.

A voir?

La collection de luges baroques, c'est à voir. Trop fort, ça va de la luge rudimentaire que connaît n'importe quel galopin vivant en pays où tombe la neige, jusqu'à la luge fer à riz tirée par 4 chevaux avec compartiment sous-fessier pour y planquer la brique chaude en saison froide (climatisation baroque).
Ensuite il y a la bibliothèque, c'est à voir. Donc on peut y apercevoir des livres, plein, 50.000 selon la guide, de toutes origines dans toutes les langues sur toutes les matières et de toutes les époques. Il y a même des manuscrits écrits avec les pieds, des primo-éditions totalement inédites, une collection complète de bibles poilues du néolithiques, des cartes rigolotes du monde totalement inexactes, mais une fois que la guide vous aura dit tout ça, qu'elle vous aura bien mis l'eau à la bouche et la curiosité dans la tête, ben vous ne verrez rien d'autre que des armoires pleines de livres fermés-rangés et rien d'autre que ça,

même pas les poils de la couverture en peau de mammouth de la bible néolithique, et surtout vous ne pourrez rien toucher, rien ouvrir. Les boules de la frustration que ça fout! Mais rassurez-vous, il y a du jouissif visuel quand même, car il y a la chapelle, et dans la chapelle se trouve l'autel sur lequel repose le retable de voyage (portatif) de "Křivoklát". Il se présente en forme de petite armoire dont les pans (portes) s'ouvrent et se ferment (genre triptyque). Sur le dessus se trouvent 3 petites tours supportant 3 petites statues. Au milieu la passion du Christ (ou le Christ souffrant), et sur les côtés 2 anges avec les instruments de la passion
(la couronne d'épines, le marteau et les clous... accessoirement un fouet et une tenaille pour le cas où le charpentier serait maladroit, et qu'il faille retirer un clou avant de le replanter au bon endroit). Lorsque le retable est ouvert, vous y verrez au centre (c'est sculpté) la sainte trinité bénissant l'enfant Jésus (?!). On attribue ces sculptures à "Hanuš & Jakub z Nymburka". Ce dernier, également appelé parfois "Jakub Nymburský" fut un prodigue sculpteur ouvrageant principalement dans la région de "Kutná Hora".
Et bien que personne n'est fiche de s'accorder sur sa date de naissance, tout le monde pourtant affirme que l'arche sculptée par le maître pour la cathédrale Ste Barbara était la plus fantastique oeuvre d'ébénisterie en Bohême du début du XVI ème siècle. Ben ouais, mais elle fut détruite, alors comment peuvent-ils dire ça? Bon, mais c'est pas important. Ce qui l'est par contre, ce sont les pans peints pimpants sur lesquels vous voyez l'annonciation, la nativité, la circoncision (et ouais, Jésus était circoncis, pour ceux qui ne le savaient pas, sinon il ne se serait pas appelé Jésus: Circumciditur puer, et vocatur Jesus),
et l'adoration des mages (c.f. le fantastique tableau de mes peintres préférés d'à mon époque vénitienne, "Giovanni Battista Tiepolo", Alte Pinakothek de Munich). Cette oeuvre splendide (sur le retable) est datée de vers 1490. Remarquez les jeux de lumière et d'ombre, la profondeur des seconds plans, les couleurs naturelles, un splendide exemple de l'héritage du réalisme hollandais que le maître aurait appris à Cologne ("Köln am Rhein", Allemagne).
Mais le plus intéressant, c'est que selon les experts en art gothique sur tablette de bois, "Mistr Křivoklátského oltáře" aurait été le maître, le doyen d'une fantastique lignée de peintres comme "Mistr Rokycanského oltáře", "Mistr Rakovnického oltáře" et le plus connu de tous, "Mistr Litoměřického oltáře". Et justement, si vous fermez les portes de notre retable, alors vous y verrez les peintures des saints patrons de la Bohême, peints par le disciple du maître en personne: "Mistr Litoměřického oltáře".
Sa peinture se caractérise principalement par des personnages majestueux aux visages expressifs, un blaire marqué, des pommettes saillantes, et surtout des mains extrêmement détaillées au niveau des articulations. En dehors du fait qu'il ait peint des splendeurs (c.f. la chapelle St Venceslas en notre cathédrale des 3 saints à Prague), "Mistr Litoměřického oltáře" est d'une importance capitale pour l'art médiéval de la Bohême, car il est le chaînon manquant, le liant, la transition entre la peinture gothique d'inspiration germano-hollandaise et la renaissance d'inspiration italienne.
Or malgré cette importance, et bien qu'il ait eu une école et des élèves, on ne lui connaît aucun réel disciple, pas un seul peintre qui aurait perpétué, ou poursuivi la peinture dans le style qu'il avait façonné, et pire, on ne connaît même pas son vrai nom.

Historiettes véridiques

Alors je vous avais promis au tout début des princes, des crapauds, des tendrons, des sorcières et d'autres trucs de contes de fées, donc hop, on va commencer par la première histoire. Le prince est un moine, mais hein, c'est pas grave, c'est pratiquement pareil. Le tendron et la sorcière, vous les connaissez si vous lisez régulièrement mes publies, et si non, si vous ne lisez pas régulièrement mes publies, alors c'est grand chagrin pour moi.
Bref... il était une fois, un évêque de la confrérie des frères de Bohême (de la mouvance hussite, protestante) nommé "Jan Augusta". C'était un gaillard brave, courageux, un peu sanguin, genre épidermique, enfin un évêque fort en gueule comme il en naquit moult en terre de Bohême. Son verbe était radical, éloquent et vigoureux, mais sensé cependant, selon les témoins. Il était une fois un empereur, de la confrérie des Habsbourg (de la mouvance impérialiste, chiante) nommé Ferdinand Ier.
C'était un bougre catholique, obscurantin et conservateur, genre emmerdeur pète-sec, comme il en naquit moult en terre d'Autriche. Son verbe était bourru, coléreux et névrosé, voire insensé selon les témoins. En 1535 donc, la confrérie des frères de Bohême alla présenter ses lettres de créance (dire qu'ils existaient, genre bonjour, c'est nous, on est comme ça, on croit en ça, etc...) au roi (ça faisait quand même 9 ans qu'il dirigeait le pays).
La délégation était menée par "Kunrát Krajíř z Krajku" (parfois "Konrád"), le plus haut intendant royal de la région de "Mladá Boleslav", celui-là même qui, le 23 octobre 1526, donna sa voix au Ferdinand pour l'accession au trône de Bohême après que ce dernier eut (entre-autre) promis de respecter scrupuleusement les accords du concile de Bâle (liberté de croyance). Mais les promesses électorales, hein, vous savez comment c'est...
on va bien voir dans une paire de mois comment va s'en sortir le petit Nicolas. Bref... à la lecture du plaidoyer des frères, Ferdinand Ier s'étonna: "Aimerions bien connoistre qu'êstoit-ce que vous mena à embroisser pareille foi? Le malin vous auroit-il séduit?" Et l'ambassadeur des frères de répondre: "Aucunement le malin Monsoigneur, mais nostre soiveur Jésus Christ, par l'intermoidiaire des saintes écritures".
Ce qui mit le Ferdinand dans une effroyable colère noire avant qu'il ne devienne rouge, puis d'exploser: "De quoi vous vous mêloiz? Vous n'êstois ni pape, ni imperator, ni roy, croyez en ce que vous vouloiz, que nous importe? Alloiz en enfer si bon vous sembloi, nous nous en moquons. Mais ne soirions permettre à l'avenir que vous vous réunissoissiez et magouilloilliez vos mauvois méfaits. Ne soirions le tolérer, dussions-nous en perdre couronne nostre.
Puis il suffit."
(Lectures, Ernest Denis, historien français, spécialiste de l'Allemagne et de la Bohême, Konec samostatnosti české, Kniha třetí, Ferdinand Ier, Hlava druhá, porážka měst, 1890, et Anton Gindely, Quellen zur Geschichte der böhmischen Brüder, in Fontes Rerum Austriacarum, Vol. XIX. Wien, 1859). Furieux, Ferdinand n'attendait qu'une occasion pour dissoudre l'ordre des frères.
Et l'occasion lui en fut donnée après la bataille près Mühlberg ("Schlacht bei Mühlberg") en 1547, lorsque les troupes catholiques de l'empereur Charles Quint écrasèrent les protestantes du "Kurfürst Johann Friedrich I von Sachsen". Ferdinand Ier accusa alors les protestants de Bohême d'avoir refusé de marcher contre les protestants germaniques (ce qui n'était pas totalement faux), et commença à mener une répression impitoyable.
Confiscation de biens, distribution de mal, déchéance de rang, incarcération des notables protestants, suppression de privilèges, de subventions culturelles et augmentation de taxes pour les villes protestantes... Bien entendu, son courroux s'abattit également sur notre confrérie de frères. Frappée d'interdiction (la confrérie), ses membres étaient persécutés, emprisonnés, expulsés du pays... et c'est ainsi que "Jan Augusta" finit dans une geôle praguoise en 1548,
pour y être brutalement soumis à la question du "mais tu vas parler fripouille? Je veux les noms, tous les noms de ceux, de tous ceux qui ont participé à la rébellion". Mais l'évêque ne parla point, et c'est au seuil du trépas qu'il fut transféré dans la prison de "Křivoklát" afin d'y pourrir discrètement le restant de sa vie. Là, il séjourna de nombreuses années dans le froid, la pénombre obscure, au pain sec et à l'eau, sans sorties, sans visites
(sans déconner?), enfin comme à Guantanamo. Ce n'est qu'en 1560 que sa vie moribonde de bagnard prit une tournure légèrement plus rose, lorsqu'arriva au château une certaine Philippine Welser. Dotée d'une fabuleuse bonté d'âme, d'esprit, et elle même pour ainsi dire prisonnière, elle se prit rapidement de compassion pour les détenus de "Křivoklát".
Elle essaya au mieux de soulager leur souffrance en leur apportant des oranges, des livres, de la broderie, en passant du temps avec eux, en discutant du feuilleton de la veille (elle n'avait de toute façon rien d'autre à faire). Pour l'anecdote, ces évènements ont été peints en 1884 par "Alfréd Seifert" sur une toile que vous pourrez voir au château (de même que la cellule de l'évêque) si vous le visitez.
Elle réussit jusqu'à convaincre le Ferdinand de relâcher le "Jan" après 16 ans de captivité au château. Alors ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours. Bon, la fin, c'est pas vraiment comme ça que ça se termine, mais peu importe.

Et la sorcière alors? Ben j'y arrive. En fait ce n'est pas une sorcière, mais un sorcier. D'ailleurs même pas vraiment un sorcier, mais un magicien, un enchanteur, un... charlatan? Ce qui est sûr, c'est qu'il était laid, mutilé, et qu'il était Anglais (n'y voyez aucune relation de cause à effet :-) Son nom? Edward Kelley, l'alchimiste maître Kelley (1555–1597, encore que sur la date de sa mort... on a quelques doutes).
Et ce n'est pas un inconnu, car ce bougre là avait défrayé les chroniques mondaines et les presse-people européennes du XVI ème siècle. Le début de sa vie en Albion est obscur, mais de source sûre, l'on peut affirmer qu'il était suffisamment érudit pour maîtriser le Latin et sans doute le Grec. On présume qu'il aurait étudié à Oxford, et qu'il aurait été (apprenti) pharmacien ou apothicaire. Mais ce que l'on sait, c'est qu'il eut à faire à la justice à Lancaster pour contrefaçon et escroquerie (vous verrez plus loin).
Tiens, parenthèse, c'est également pour cette raison qu'il pourrait, selon certains experts, être l'auteur (ou l'un des) du fameux manuscrit de Voynich ("Voynichův rukopis", du nom de son dernier propriétaire, "Wilfrid Michael Voynich", né "Michał Habdank-Wojnicz"). Il s'agit d'un ouvrage ésotérique daté entre 1450 à 1550, mais sans aucune certitude car à aujourd'hui, personne n'a décrypté le langage utilisé dans le manuscrit.
Et c'est là tout le délire du truc. Malgré les connaissances actuelles en cryptographie, cryptanalyse, en langues modernes, anciennes, disparues... et bien à aujourd'hui, personne ne sait vraiment ce qui est écrit, ni de quoi traite les 234 pages de textes composant cette énigme étroitement liée à la République Tchèque. Tout d'abord on s'accorde à dire que le propriétaire originel aurait été un certain Georg (Georgeus) Bareš (Barsch), totalement inconnu.
Il s'agirait en fait de "Georg Handsch" (né à "Česká Lípa"), Handsch déformé en Bransch, Barsch puis Bareš (également possible auteur du manuscrit) et qui n'était autre que le médecin personnel (alchimiste, botaniste, touche à tout) de Ferdinand du Tyrol et de Philippine Welser. L'oeuvre serait ensuite passée dans les mains de "Jan Marek Marci", ("Johannes Marcus Marci de Cronland"), proviseur de l'université Charles IV et médecin personnel de Ferdinand III puis de Léopold Ier.
L'empereur Rudolf II l'aurait également acquis en un temps, puis il disparut... Le manuscrit (pas Rudolf II) disparut quelques sacrées bonnes paires d'années pour réapparaitre vers 1920 en Italie, dans une vente aux enchères, où il sera acquis par Voynich justement (d'où son nom, du manuscrit). Vous trouverez à boire et à manger sur le Net et le sujet, alors retour à l'Edouard. Vers 1582, il se rapprocha d'un autre mystique original, John Dee, et ensemble ils eurent de longues et productives conversations avec les anges en hénochien (ou hénochéen, langage que parlent les anges, vient d'Hénoch le fils de Caïn, Genèse 4, 17).
D'ailleurs maître Kelley eut beaucoup plus de succès que le pauvre John, car les anges lui apprirent à transmuter le métal en or à l'aide d'une poudre rouge. A partir de 1583, les 2 larrons commenceront ensemble un périple continental, d'abord en Pologne, puis à partir de 1586 en Bohême sous la protection du Sieur "Vilém z Rožmberka". Là, ils poursuivront ensemble leur charlatanisme de façon extrêmement intelligente, poussant l'escroquerie, la mystification, la duperie, bref... la farce à des niveaux rarement atteints (à se demander quel pouvait être le niveau d'intelligence des richissimes imbéciles...
mécènes qui les finançaient, mais tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute...). John Dee retourna cependant en Albion vers 1589, après avoir partagé avec Kelley tout ce qu'il possédait (épouse comprise, véridique) comme les anges l'avaient expressément ordonné à Edouard, lequel s'empressa de retransmettre les ordres célestes à John. Maître Kelley vivait dans l'opulence. Il devint richissime, obtint propriétés (il habitait dans la maison de Faust "Karlově náměstí" à Prague, louait plusieurs maisons à "Jílové u Prahy", et possédait un moulin et une brasserie),
jouissait de renommée (on se demande sur la base de quoi, mais il fut même anobli) et bon nombre de personnes étaient convaincues qu'il était réellement capable de fabriquer de l'or. Et parmi ces personnes, se trouva ce bougre de Rudolf II, pour qui l'alchimie, l'occultisme et les sciences ésotériques étaient ce que le tiercé était à Léon Zitrone, un vrai dada.

S'il était un talent qu'il fallut reconnaître au maître Kelley, c'était celui d'emberlificoter son monde et repousser tout engagement, que les anges n'étaient pas prêts, que la poudre rouge devait reposer (fermenter), que la position de la lune, du soleil, enfin bref... Mais en 1591, même le roi Rudolf II, dont la bonne humeur et la bonhommie étaient légendaires, finit par perdre patience et enjoignit Edouard de faire de l'or illico séance tenante. Celui-ci fit alors amener une malle contenant un fourbi indescriptible. Il en sorti un gobelet, des poudres de perlimpinpin, des instruments,
et fit circuler le tout dans l'assemblée de témoins venus assister au miracle. Rien dans les manches, rien dans les mains. En cette époque le truc classique consistait à planquer de l'or dans un faux fond du gobelet (ou toute autre cachette), puis de le sortir adroitement au moment opportun, genre 15 secrets en boîte de Gérard Majax. Le maître mélangea diverses substances dedans le gobelet, mit le tout à cuire sur le feu, et fit sortir tout le monde de la pièce, lui y compris. Hors de la salle, il invoqua les anges dans un langage inconnu,
Rudolf II comme l'assistance étaient médusés, et lorsque les naïfs revinrent dans la pièce, le gobelet contenait vraiment de l'or. "Faut l'faire" aurait dit d'un accent espagnol un autre illusionniste copain d'une Denise Fabre. Rudolf II voyant qu'une infinie richesse inonderait soudainement sa personne anoblit notre escroc et le paya grassement. Pis au bout d'un certain temps, notre Rudolf commença à s'impatienter, car depuis l'échantillon quod erat faciendum, rien. Pas la moindre pépite d'or ne sortit des ateliers d'Edouard.
Ben ouais, comme d'hab., les anges, la lune, le soleil... et entre temps, le bougre menait grand train. Selon les témoins, il était même arrogant, méprisant envers les autres courtisans qui commençaient à chuchoter et calomnier notre vilain. Jusqu'au jour, où l'un des courtisans, justement, après avoir traité l'Edouard d'escroc, jeta ses longs cheveux (d'Edouard) en arrière afin de montrer à l'assistance l'absence d'oreilles, preuve de sa culpabilité (N.D.L.A: en Angleterre, l'on coupait les oreilles des escrocs afin de les marquer du sceau de l'infamie, ah l'Angleterre, quel beau pays).
Edouard provoqua alors le gaillard en duel, l'occit... Oui, ok, occire est un verbe défectif qui ne s'emploie qu'à l'infinitif et au participe passé, mais moi je l'aime bien au passé simple, et du coup ben voilà. Non? Bon, alors Edouard provoqua le gaillard en duel, puis la colère de l'empereur (provoqua aussi), après qu'il eut occis (c'est mieux ainsi?) l'effronté, car le bon roi Rudolf II avait explicitement interdit les duels, sous prétexte que trop d'imbéciles restaient en vie, tandis que les plaisants compères trépassaient.
L'escroc criminel s'enfuit, mais fut rapidement rattrapé par le bras long de la justice, et emprisonné dans la tour "Huderka" du château nostre (c'est la petite tour carrée, à gauche en entrant dans la cour principale).

"Et maintenant mon cochon, tu vas nous ouvrager de l'or bien bésef à la pelle, et du 24 carats, bien propre. Pis en compensation des dommages et intérêts pour t'être bien foutu de notre impériale trogne devant toute la cour, tu vas également nous mijoter de l'élixir de jeunesse,
du philtre d'amour, un clafouti aux rognons de wombat à nez poilu, et un bon kilo de ces petites pilules bleu-clair dont les publicités flatteuses du continent sauvage inondent notre impériale boîte Email. Pis quand tu auras consciencieusement terminé ces broutilles, tu commenceras sérieusement à réfléchir sur le projet "pierre philosophale". Je veux un cahier des charges complet avec étude de cas et analyse financière en vue d'une production de masse en Chine d'ici 2 ans. En attendant, je te garde bien au frais de ma tour Huderka d'à Křivoklát, parce qu'un larron comme toi est bien foutu d'aller se nous faire la belle, et s'en retourner en barbarie outre-manche."
Et notre empereur avait entièrement raison, car cette vieille carne revêche de brigand britannique, plutôt que de se mettre à la tâche, gambergeottait assidûment sur la façon de se tirer de ce mauvais pas. Et comme la mauvaise graine est plutôt prolixe en idées nuisibles, ce bougre de vilain diable finit par trouver l'idée qui allait bien servir ses mauvais desseins. Utilisant diverses fibres de tissus, de paille et de tout ce qui lui semblait bon, il finit par se tricoter une corde. A l'aide des substances chimiques grâce auxquelles il était sensé traficombiner son or, il descella les barreaux d'une fenêtre, et un soir d'une nuit noire intense sans lune qui brille dans les cieux, il commença sa descente vers la liberté.
Il descendait, prudemment, doucettement, pis il finit par arriver au bout de la corde. Et tout en tentant de tâter du bout de ses doigts de pieds la terre ferme qui devait se trouver juste en dessous, selon ses calculs, il se disait: "Ben flûte alors, mais qu'est-ce que j'ai bien pu merdoyer? C'est dingue ça, je devrais être à même le sol?" Ben oui mais non, il ne l'était pas. Et même pire, car souvenez-vous, cette péripétie se déroulait un soir d'une nuit noire intense sans lune qui brille dans l'essieu, et donc il n'y voyait rien, rien d'à quelle hauteur il pouvait bien se trouver. Et ses forces commençaient à fatiguer de tenir son corps à bout de bras en bout de corde, pis il ne voulait pas y retourner, en prison, parce qu'il n'en sortirait jamais. Alors soudainement, la fatigue et le désespoir l'emportant, il lâcha prise et chût.
Et ce jour là, il aurait mieux fait de demander conseil aux anges, parce qu'il tomba d'une hauteur trop faible pour se briser le cou, mais suffisamment importante pour se briser une jambe. Evidemment, dans ces conditions il n'alla pas bien loin, et fut vite rattrapé par la meute de St Hubert (appelé aussi continental bloodhound en Anglais, d'r waschlàppa hund en Alsacien -en référence à ses oreilles-) lancée sur sa piste au petit matin. Or en cette époque, jambe cassée, jamb' putée (on ne savait pas réparer un membre brisé) et l'Edouard se retrouva avec une jambe de bois. Rudolf compatissant, le fit alors assigner à résidence au château de "Hněvín" où il se déplaçait librement et continuait même ses expériences. Maître Kelley était brisé, moralement comme physiquement, déchu, déshonoré et discrédité mais pourtant il semble que Rudolf II continuait à fermement croire en ses pouvoirs. En 1597, Kelley termina un essai sur la pierre philosophale ("Tractus de lapide philosophorum"), puis selon certaines sources, il aurait à nouveau tenté de s'enfuir suivant la même méthode de la corde trop courte, et il se serait à nouveau cassé la jambe, sa seconde et dernière jambe valide.
Ce qui est sûr, c'est que cette même année, le 1 novembre 1597 (à prendre avec des pincettes), au bout du rouleau, l'un des plus fameux escrocs au parcours extraordinaire mit un terme final à sa vie (de 42 ans) en absorbant un poison de son cru. Personne ne sait où il fut enterré, mais sa légende est demeurée intacte, et son personnage repris et utilisé dans de nombreux romans (principalement anglo-saxons). Anecdote pour les cinéphiles, ceux qui auraient vu "The Blair Witch Project" se souviendront sûrement d'un personnage nommé Elly Kedward, hum... Edward Kelley peut-être? Et pour finir sur l'Edouard, lorsqu'il transforma son or, au début, quand il réussit à épater la galerie, et bien il avait planqué un apprenti escroc dans le double fond de la malle. Tout le monde avait vérifié le gobelet, les ustensiles, les fioles, mais pas un pour vérifier la malle du bougre d'animal.

Voilà

Et donc ben voilà, c'est un beau château qui mérite la visite. C'est à 20 minutes de Prague en voiture, et si déjà vous y allez, profitez-en pour visiter la ville de Beroun, c'est sur le chemin. C'est pas à voir absolument comme ville, mais il y a des choses intéressantes quand même dont je m'en vais vous parler dans une suivante publie, un jour. La visite guidée du château dure environs 45 minutes (le dedans) et l'extérieur, c'est selon que vous regardez de près ou pas. N'oubliez pas la visite des kiosqu'à souvenirs, vous y trouverez de la gnole locale, des bougies, des couillonneries en bois, une buvette, une salle d'expositions temporaires, des toilettes, enfin tout ce qu'il faut pour passer un agréable moment.

Commentaires

Anonyme a dit…
Salut Strog,

Je viens de lire le passage sur la couillonerie dans Wikipedia. Je suis allé vérifer, car je participe beaucoup au portail sur la Tchéquie.

En fait, je vois qu'il y a deux Venceslas I, que ce soit dans le wiki français ou dans le wiki tchèque.

Sauf que celui que tu nommes Venceslas 0 est présenté comme Duc de Bohême et le Venceslas I, le borgne, est présenté comme Roi.

C'est vrai que dans la wiki tchèque, l'article sur le Venceslas du X°, a pour titre "Saint Venceslas", mais il est bien nommé Vaclav I dans le texte.

Qu'en penses-tu ?

Sinon je me demandais s'il existe une édition en français de la chronique de Cosmas. Je ne trouve rien, et j'aimerais bien la lire dans une autre langue que le latin dont j'ai oublié quelques subtilités :)
Strogoff a dit…
Salut David. Alors concernant le Václav, oui, certes, il est nommé 1er dans le texte, et duc de Bohême, aucunement roi, tu as raison (ça c’est OK), mais c’est pas son nom de scène, et c’est totalement trompeur. Les exemples sont nombreux : Ferdinand II. L’un était empereur du St E.R.G., 1578-1637, l’autre prince héritier et c’est tout (dit du Tyrol), 1529-1595. Or lorsque tu dis Ferdinand II, c’est l’empereur qui vient à l’esprit alors que le tyrolien était son aîné.

Et tiens, Charles IV de Bohême (maison Luxembourg), également empereur du St E.R.G., versus le simple roi de France :-) son parrain, dit le bel, (maison Capétien, qui vaut mieux que De Tulora). Lequel te viens à l’esprit lorsque tu entends Charles IV ? Ah oui, si t’es Tchèque ou Français... ok, t’as raison.

Alors encore mieux, Charles IV Luxembourg de Bohême, le bon roi Charles IV, il était Charles IV dans le St E.R.G. parce qu’en Bohême, il fut couronné sous le nom de Charles 1er. Or lorsque tu parles de Charles 1er en Bohême, tout le monde va reconnaître le successeur de François-Joseph sur le trône de l’empire d’Autriche, dernier roi de Bohême (Charles 1er) entre 1916 et 1918, mais attention, sous l’appellation Charles III (en Bohême) et Charles IV (en Hongrie). Bon, c’est le bordel, OK, mais pour les Tchèques, il y a le Svatý Václav, et le Václav 1er, et c’est vraiment pas les mêmes.

Concernant le Cosmae, Kosmas ou Cosmas (selon les langues), je n’ai malheureusement pas trouvé (mais pas cherché non plus) de version française (ni anglaise) de sa fameuse chronique. Je ne peux donc que te suggérer la version de référence en Latin avec annotations Allemandes du controversé PhDr Berthold Bretholz (http://mdz10.bib-bvb.de/~db/bsb00000683/images/index.html?id=00000683&seite=2), né et mort sur le sol Tchèque, et dont la virulence à l’encontre des « interpretations » d’Antonín Boček du Codex diplomaticus et epistolaris Moraviae (http://147.231.53.91/src/index.php?s=v&cat=3) n’avait d’égal que sa « tchécophobie »... (long débat), ou encore la version Tchèque (http://www.moraviamagna.cz/kroniky/k_ko__uv.htm) du fantastique site Moravia Magna dont la quantité de textes (http://www.moraviamagna.cz/obsah.htm) fondamentaux (principalement sur la Moravie) est pour moi une fantastique source de références et de curiosité. Tiens, et si tu t’intéresses à Kosmas, alors dans son ouvrage d’origine (photocopie disponible dans http://www.manuscriptorium.com/Site/ENG/default_eng.asp mais avec abonnement) que tu cherches en FR, se trouvent des anagrammes en Latin et Slave ancien (http://www.moraviamagna.cz/zajimavosti/z_ana001.htm) qui aujourd’hui encore épatent les chercheurs, linguistes, historiens par leur signification cachée. C’est énorme !!!

Bon, je n’ai pas été d’une grande aide, mais je manque de temps, désolé, j’aimerai faire plus... Bonne chance David.

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